
1977
PianOptique 
de
Jean-Robert Sédano

J'avais
depuis longtemps le goût des bricolages électroniques.
Enfant, j'avais installé dans la maison familiale un
système de capteurs sous le tapis du couloir relié
à un tableau lumineux dans ma chambre qui pouvait m'indiquer la
position de ceux qui y marchaient. J'avais lu dans
l'encyclopédie hebdomadaire "Tout l'Univers" une biographie de
Thomas Edison qui m'avait fortement impressionné et j'avais
alors fait mes premiers essais de branchements de piles et d'ampoules.
Après les spectacles "Bowling" et "La Tarentule", la
recherche de nouvelles formes de jeu avec le public allait prendre un
tour nouveau. C'est à ce moment que l'idée m'est venue de
produire une structure réactive - on ne parlait pas encore
d'interactivité - où le public pourrait bouger, où
le déroulement ne serait pas complètement
déterminé à l'avance. Dans un spectacle deux sens
sont en jeu, la vue et l'ouie. Serait-il possible de donner à
voir et à entendre des phénomènes liés
à la présence même, à l'activité du
spectateur ?
L'ancienne
expérience du tapis à contacteurs me revint à
l'esprit, mais je savais que ces dispositifs étaient sujets
à l'écrasement et donc à la panne. Les cellules
photo-électriques pouvaient donner des informations sur leur
environnement immédiat, sans contact direct. Je me procurais un
module en kit qui permettait d'allumer automatiquement les feux de
position d'une voiture à la tombée du jour. Cet
interrupteur crépusculaire pouvait donc produire des
phénomènes lumineux et pourquoi pas sonores. En
démontant un piano jouet et en remplaçant certaines
touches par un relais artisanal j'avais réalisé mon
premier capteur optique produisant des sons.
Solveig
et moi avions fabriqué des dizaines d'électro-aimants qui
actionnaient de minuscules balances en fer. Les contacts des touches se
faisaient dans de multiples cliquetis dont les sonorités
étaient au moins aussi intéressantes que les sons du
piano lui-même.



